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Arts du thé - La cérémonie du thé au Japon

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Sommaire / La voie du thé, sadô

A la question « qu'est-ce que le chanoyu  », Rikyû répondait à ses disciples :
« Le thé n'est rien d'autre que ceci : Faire chauffer de l'eau, préparer le thé, et le boire convenablement. C'est tout ce qu'il vous faut savoir.»

Simplicité que le pratiquant tentera d'atteindre tout au long de sa vie grâce à une discipline intérieure stricte. Dégagé de tout souci de maîtrise du geste technique, il pourra ainsi partager pleinement cet instant unique avec ses invités, dans un esprit de communion harmonieuse entre l'Homme et la nature. La voie du thé ( sadô ) désigne cette pratique quotidienne que l'adepte doit appliquer à tous les aspects de sa vie. C'est une philosophie, une manière de vivre, selon Rikyû « une discipline esthétique, basée sur la loi bouddhique, visant à atteindre le salut spirituel ».

La cérémonie du thé est profondément liée au bouddhisme zen, lui-même issu du bouddhisme chan. Lorsque le Japon importa cette religion, il adopta l'un de ses rituels au cours duquel les moines devaient se rassembler devant l'image du Bodhidharma et boire le thé dans un bol commun. Cette pratique se généralisa dans les monastères, se développa ensuite dans le milieu profane et influença le chanoyu . La notion de vacuité, influence du taoïsme sur le chan, encouragea une esthétique simple et très épurée à laquelle s'ajouta la notion d'imperfection. On s'attacha donc à vivre en harmonie avec la nature en essayant de dévoiler la beauté de chaque chose, même les plus triviales.

Une expression célèbre caractérise bien le chanoyu .   Ichigo ichie  : une fois, une rencontre. C'est un moment unique de partage entre les Hommes et la nature, une prise de conscience de l'aspect éphémère de la vie que l'on apprend à apprécier pleinement.

Les quatre principes fondamentaux posés par Rikyû viennent également du zen.

L'harmonie ( wa ) doit régner entre l'hôte et ses invités, entre l'Homme et la nature et entre les objets eux-mêmes pour faire de cette réunion un moment privilégié.
Le respect ( kei ) règle tous les gestes de la cérémonie. L 'hôte prend soin de respecter les objets, son environnement et ses invités en observant une attitude courtoise et sincère.
La pureté ( sei ), symbolisée par l'acte de nettoyer les objets, le pavillon et le sentier permet à l'Homme de se détacher du monde extérieur pour le temps de la cérémonie et de mettre de l'ordre dans son esprit.
Enfin, la sérénité ( jaku ) est un état de tranquillité que chacun des participants ressent lorsque les trois autres principes ont été respectés.

Bassin, Daitoku-ji, Kyôto.
 

L'enseignement de Rikyû est également basé sur sept règles que l'adepte de la voie du thé doit observer non seulement pendant la cérémonie, mais aussi tout au long de sa vie. Leur aspect pratique l'aidera à capter l'essence même du chanoyu et l'incitera à se comporter en harmonie avec l'univers.

« Fais un délicieux bol de thé »  : l'hôte met toute son attention dans la préparation du thé, mais la cérémonie va bien au-delà d'une simple dégustation. Elle indique comment se comporter dans la vie à travers ce geste d'offrir et de recevoir un bol de thé.
« Dispose le charbon de bois de façon à chauffer l'eau »  : un feu bien préparé est essentiel pour chauffer l'eau du thé, mais c'est aussi l'occasion pour l'hôte de mettre tout son savoir-faire au service de l'invité.
« Arrange les fleurs comme elles sont dans les champs »  : on choisit bien souvent une seule fleur, placée dans l'alcôve, symbole de la beauté d'une nature éphémère que l'on respecte.
« En été, évoque la fraîcheur, en hiver, la chaleur »  : le choix des ustensiles et des objets placés dans l'alcôve ainsi que l'entretien du jardin convergent pour rendre la réunion agréable en toute saison et que l'invité se sente en harmonie avec la nature.
« Devance en chaque chose le temps »  : l'hôte doit être vigilant et toujours gardé un temps consacré à l'imprévu. Il pourra ainsi respecter le temps de l'invité.
« Prépare-toi à la pluie »  : si l'on est convenablement préparé, libre de toute contrainte, on peut s'adapter au changement et garder toute sa spontanéité.
« Accorde à chacun de tes invités la plus grande attention »  : pendant la cérémonie, l'hôte agit pour créer une harmonie entre ses invités et lui. En cet instant unique, l'hôte, l'invité et la nature ne font plus qu'un.

 

Le concept esthétique, wabi , fait partie intégrante de la voie du thé. On le traduit souvent par « simplicité rustique » où se mêlent frugalité, humilité et simplicité de la nature. Il est souvent associé à sabi qui exprime plutôt le passage du temps, l'usure et l'éphémère. Le wabi s'exprime parfaitement dans ce poème que Rikyû appréciait particulièrement :

« A celui qui se languit
Des fleurs du printemps
Montre les jeunes pousses
Qui sortent dans les collines enneigées. »


 
Chawan, chasen, chakin et chashaku

La force de la nature réside dans les signes les plus discrets d'une perpétuelle renaissance. Le wabi est la conscience de la grandeur de cette nature dans ses aspects les plus humbles.