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Sommaire / Histoire du thé et du chanoyu au Japon Le Japon eut vraisemblablement l'un de ses premiers contacts avec le thé vers 729 ap. J-C, lorsque l'empereur Shomu offrit du thé chinois à des moines de Nara. Peu après, le moine japonais Saichô (767-822) se rendit en Chine et en rapporta des graines de théiers qu'il planta au Japon. On sait aussi qu'en 815 le moine Eichû offrit à l'empereur Saga du thé, produit au Japon et préparé à la manière Tang (thé bouilli). Mais sa consommation restait encore réservée aux aristocrates et au clergé.
Vers le XIVème siècle, le clergé n'était plus le seul à boire du thé et les samouraïs de haut rang organisaient de grands concours de thé ( tocha ). Ces manifestations étaient le prétexte à d'extravagantes démonstrations de connaissances et de richesses où l'on utilisait principalement des objets chinois, symboles du plus grand raffinement. Plus tard, les guerres du XVème siècle enrichirent les marchands et les daimyô (seigneurs féodaux) qui accédèrent à leur tour au thé et à ses riches ustensiles. C'est à cette époque que la pratique du thé emprunta la voie menant au chanoyu , littéralement « eau chaude pour le thé », cérémonie du thé que nous connaissons aujourd'hui. Murata Shukô (1422-1502), ancien moine de Nara, fut l'une des figures les plus influentes dans l'avènement du chanoyu . Disciple de Ikkyû (1394-1481), le supérieur du temple Daitoku-ji de Kyôto, il s'imprégna des concepts zen et les appliqua au thé. Ainsi, contrairement à ses prédécesseurs, il prôna l'utilisation d'ustensiles modestes, d'usage courant, provenant de Chine ou même du Japon. Il réserva surtout un espace de quatre tatamis et demi, exclusivement consacré à la pratique du thé, ce qui deviendra l'un des fondements de la cérémonie du thé. Au XVIème siècle, le chanoyu prit de l'ampleur, se précisa et connut enfin son apogée. Takeno Jôô (1502-1555), fils de marchand, suivit les traces de Shukô. Proche de l'esprit du zen, il développa le wabi , concept esthétique évoquant simplicité et sobriété, et en fit un art de vivre accessible au plus grand nombre. Il se servait alors de poteries japonaises ou coréennes dont la rusticité et l'imperfection étaient fidèles à l'esprit du wabi .
Plus tard, les descendants de Rikyû continuèrent son œuvre et enseignèrent le chanoyu selon ses principes. Son petit-fils, Sôtan (1578-1658), garda intact l'esprit du thé et le transmit à son tour à ses trois fils. Ces derniers devinrent eux-mêmes de grands maîtres de thé qui perpétuèrent la grande tradition du chanoyu tout en suivant une orientation plus personnelle. C'est ainsi que naquirent les trois écoles de thé les plus importantes du Japon : Urasenke dirigée par Sôshitsu, Omotesenke par Sôsa et Mushanokôjisenke dirigée par Sôshu. Aujourd'hui l'école Omotesenke est dirigée par Sen Sôsa, XIVème du nom et Sôshitsu Sen, XVème du nom est à la tête de l'école Urasenke. Ces écoles comptent de nombreux participants au Japon et s'exportent aussi dans le monde entier. La pratique se développe, se démocratise et se féminise également, car si les maîtres de thé étaient des hommes au XVème siècle, les femmes sont aujourd'hui de plus en plus nombreuses à enseigner le chanoyu . Menacé sous l'ère Meiji d'être classé « art de représentation », le chanoyu est, aujourd'hui encore, considéré comme un mode de vie, une pratique culturelle bien vivante au sein de la culture japonaise. Parallèlement, à partir du XVIIème, la consommation de thé infusé ( sencha ), technique exportée par les Ming, se répandit au Japon et se développa pour devenir une boisson de consommation courante. Parmi ces thés infusés, on peut citer le gyokuro, thé vert de très grande qualité.
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